Depuis 2005, la date du 17 mai marque la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie et l’interphobie (IDAHOT). Cette journée rappelle un fait simple : les personnes LGBTQIA+ ont droit à la dignité, à la sécurité, à la reconnaissance. Ces droits, pourtant garantis sur le papier depuis plusieurs années par une Belgique pionnière, peinent encore souvent, malheureusement, à être traduits en actes.
Chaque année, la Fédération Prisme invite les communes wallonnes à hisser le drapeau arc-en-ciel inclusif sur les bâtiments communaux durant le mois des fiertés. Ce geste qui pourrait paraître symbolique, n’a, en réalité, rien d’anodin : il incarne une prise de position publique contre les LGBTQIA+phobies et un soutien visible envers toute la communauté.
En hissant le drapeau inclusif, les communes envoient un signal fort de soutien, de visibilité et de lutte contre les discriminations. En effet, les pouvoirs communaux constituent le premier échelon de notre démocratie, c’est auprès de ceux-ci que la population enregistre ses données d’identité, ses moments de vie, les heureux comme les plus tristes. C’est le pouvoir qui est au plus proche de notre vie, celui qui est au contact direct des citoyen·nes, de leur quotidien, de leurs réalités, de leurs difficultés. Et il est nécessaire de rappeler qu’une partie de ces citoyen·es subit une recrudescence de violence simplement pour ce qu’iels sont, selon les chiffres d’UNIA et de l’IEFH.
Ainsi, afficher le drapeau inclusif, c’est choisir de voir, de visibiliser, de soutenir. S’abstenir, c’est accepter que l’invisibilité perdure. C’est prendre le risque que les violences soient légitimées.
Grâce à une campagne renforcée et à un travail de fond mené depuis janvier, ainsi qu’à l’appel actif à la mobilisation du ministre de l’Égalité des chances, M. Coppieters, la participation en 2025 s’est accrue et pour cela, nous saluons les communes qui ont répondu présentes. En effet, alors que le taux de participation des dernières années ne dépassait pas 50%, cette année :
Détail par province :
Ce taux record rompt avec les années précédentes, où la participation stagnait ou régressait dangereusement. En effet, en 2024, seulement 43 % des communes avaient installé le drapeau avant ou pendant le 17 mai. Ce même phénomène avait également été constaté au Brabant wallon. En 2023, il atteignait 63 % de participation, le plaçant en deuxième position des provinces les plus engagées, derrière la province du Luxembourg. En 2024, ce chiffre chutait à 26 %. Mais en 2025, la courbe s’inverse de manière spectaculaire avec 85,19 % de taux de participation. La province Liège suit la même trajectoire passant de 35 % à 82,10 % de mobilisation pour “l’opération drapeaux” en un an. Namur, qui stagnait à 26 % en 2023 et en 2024, atteint cette année 71,05 %, renouant avec les bons résultats de 2021 (74 %). Le Hainaut, quant à lui, confirme une progression constante depuis 2022, passant de 13 % cette année-là à 72,46 % en 2025. Enfin, la province du Luxembourg, pourtant en tête du classement en 2024 avec 80 % (35 communes sur 44), enregistre cette année 65,12 % de participation.
Ces chiffres très encourageants sont cependant à relativiser si on les compare aux résultats en Flandre, qui affiche depuis plusieurs années déjà un taux de participation de presque 100 %.
Alors, si cette différence peut sembler anecdotique, elle relève d’un constat plus profond. Quand certaines communes choisissent de ne pas se manifester car “Les droits LGBT sont déjà acquis en Belgique.”, “Marquer un soutien matériel sur la maison communale ne sert à rien.”, “Ce n’est pas très grave de ne pas répondre/d’oublier.”, voire « Nous préférons rester neutre ! », en réalité, elles contribuent à la banalisation de la violence. L’inaction n’est pas neutre. Elle envoie un message. Elle autorise, elle banalise, elle ferme les yeux, elle laisse passer.
Récemment encore, en mai 2025, la Maison Arc-en-Ciel de Verviers a été attaquée, sa porte fracassée à coups de pierre. Et pourtant, aucune réaction officielle, pas de condamnation publique, pas de marque de soutien de la part des autorités communales. Les conséquences sont simples : les démonstrations de violence ont continué, les personnes fréquentant les lieux les désertent et les sentiments d’insécurité et d’injustice restent pour les victimes. Ce silence devient alors complice. Il donne carte blanche à celleux qui veulent réduire les existences LGBTQIA+ au silence et à la peur.
Nous appelons chaque commune de Wallonie à prendre ses responsabilités pour soutenir la communauté LGBTQIA+.
Bien sûr, hisser un drapeau ne résoudra pas tout. Mais c’est le premier pas vers un changement de mentalité. C’est un geste qui protège, qui informe, qui rassure.
L’inclusion ne peut plus être accessoire. Elle doit être une priorité politique.