Prisme vous invite à une semaine de découverte littéraire autour des romans queer, où chaque jour apporte une nouvelle plongée dans des récits captivants et divers. Explorez des univers riches, interrogez les normes et partagez cette aventure avec nous !
Violence conjugale, violence physique, violence psychologique, body-shaming, violence sexuelle, usage de drogue (marijuana), idées suicidaires.
L'autrice américaine Carmen Maria Machado dévoile dans son ouvrage autobiographique, "Dans la maison rêvée", sa tumultueuse liaison avec une femme charismatique devenue abusive.
L'essai explore les défis de transmettre des traumatismes vécus à travers une structure innovante de courts chapitres aux styles variés. Machado navigue du romantisme au gothique, de l'introspection cinématographique aux réflexions sur la représentation lesbienne.
Utilisant la deuxième personne, elle plonge les lecteur· rices dans son expérience, se dissociant de son passé douloureux. L'ouvrage expose avec lucidité les violences psychologiques et culturelles dans les relations homosexuelles, remettant en question les tabous.
Les récits autobiographiques traitant des violences conjugales au sein de couples de même genre demeurent malheureusement rares dans la littérature. L'autrice parvient à saisir avec une justesse poignante toutes les étapes et émotions impliquées dans une relation abusive. Elle réussit non seulement à documenter ces expériences douloureuses mais également à les rendre visibles et à susciter une réflexion profonde sur ce sujet crucial.
Au-delà de la puissante thématique abordée, l'autrice se révèle être une véritable virtuose de l'écriture. Chaque chapitre, court et incisif, emprunte son style à divers courants littéraires et cinématographiques. En tant que lecteur·rice, nous sommes plongé·es dans une narration au style versatile, parfois déstabilisant, mais toujours surprenant et plaisant.
L'utilisation du mode narratif à la deuxième personne ("tu") intensifie l'identification au récit. Bien que cette approche puisse créer une certaine distance entre l'expérience de l'autrice et le/la lecteur·rice, elle renforce simultanément l'immersion dans l'histoire.
“L’étau de sa main est oppressant, douloureux. Tu ne comprends pas ; ton hébétude est telle que ton cerveau glisse, saute, se rembobine. Tu pousses un petit cri de surprise, à peine audible. C’est la première fois qu’elle te touche sans amour, et tu te sens démunie. C’est pas normal. C’est pas normal. C’est pas normal. Ton cerveau s’ingénie à trouver une explication, et la douleur est de plus en plus vive, et tout est statique. La peur te donne des crampes et tu ne l’entends pas répondre.”