Le 17 mai marque la journée internationale de lutte contre les LGBTQIA+phobies, une journée dédiée à la défense de nos droits et à la lutte contre les discriminations quotidiennes subies par nos communautés.
La Fédération Prisme a choisi de mettre en lumière quatre récits inspirants. Ces portraits mettent en valeur des individus pour qui l'acceptation totale de leur identité a été le plus précieux des dons. Vivre pleinement et sans entraves est parfois un véritable havre de paix pour certaines personnes.
Le troisième témoignage est celui d'Erynn, une personne trans non-binaire de 50 ans, qui partage une expérience positive de transition. Erynn se réjouit de la chance d'avoir été entourée de personnes aimantes et respectueuses tout au long de son parcours.
Malgré le fait que sa transition ait commencé à la fin de sa quarantaine, Erynn exprime sa gratitude envers sa femme, qui l'a accompagnée avec douceur à chaque étape. Leur relation a perduré malgré les défis, témoignant de la force de leur amour et de leur soutien mutuel.
Au travail également, Erynn a été soutenu·e et la transition s'est déroulée de manière harmonieuse. Cette expérience positive contraste avec les récits de nombreuses personnes transgenres, soulignant ainsi l'importance de la compréhension et de l'acceptation dans tous les aspects de la vie quotidienne.
De façon générale, de façon super positive. Que ce soit la famille proche, les amis, les collègues, j’ai eu des messages très positifs, soutenants, voire touchants.
Lorsque j’ai fait mon coming out à ma famille proche, mon neveu, qui avait 20 ans à l’époque, m’a simplement dit : « OK, alors c’est bien si je t’appelle Taton maintenant ? ».
Au boulot, j’ai d’abord fait mon coming out à mon N+1 qui est le directeur du centre de recherche pour lequel je travaille. Il a ensuite envoyé un e-mail super positif et soutenant aux autres responsables de département en mettant en avant le fait que lui et les autres responsables feraient tout ce qu’il faut pour que les choses se passent bien. Il assurait aussi qu’ils prendraient les mesures adéquates en cas de problème. Il se trouve qu’il n’y a pas eu de problème du tout, mais c’était rassurant de savoir que, le cas échéant, je serais soutenu·e et aidé·e.
Dans tous les cas, j’ai juste ressenti beaucoup de sentiments positifs à chaque annonce, ce qui à chaque fois m’a boosté·e pour poursuivre et m’a conforté·e dans mon sentiment de légitimité.
Du coup, c’est peut-être difficile à croire, mais je n’ai pas été confronté·e à des réactions négatives ni à des obstacles particuliers durant mon processus, ce qui a été un vrai soulagement pour moi.
Au niveau du soutien, il y a d’abord eu ce mail très clair de la part de mon N+1 qui a en quelque sorte« posé un cadre ». Ensuite, lorsque j’ai exprimé le souhait de voir mes identifiants refléter mon nouveau prénom, il n’y a eu aucune résistance. Ceci dit, j’étais la 1ère personne dans le cas, donc il a fallu un peu chercher, avec les services IT, quelle était la meilleure façon de faire.
Il s’est avéré qu’il n’y avait pas vraiment de procédure d’accompagnement en place, de ce fait, j’ai essuyé les plâtres et ça c’est bien passé parce que j’ai moi-même géré les choses. Ceci dit, je pense que cela aurait sans doute été plus compliqué pour une personne avec moins d’expérience et de contacts au sein de la société.
Du fait de ma position assez visible, j’ai ensuite été la personne de référence pour, par exemple, les communications de l’entreprise concernant les thématiques LGBTQIA+. J’ai eu l’appui des RH pour mettre en place un réseau interne (Queer @Umicore), avec une partie publique pour faire de la sensibilisation auprès de l’ensemble du personnel, et une partie privée uniquement pour les personnes concernées.
J’ai pu aussi aider à mettre en place des politiques d’inclusivité comme la généralisation de l’usage des pronoms dans les signatures mails et Teams, ou dans les formulaires de candidatures pour le recrutement.
Finalement, l’entreprise s’est montrée très ouverte et soutenante, et j’espère avoir contribué à faire en sorte que les choses soient plus simples encore à l’avenir pour les « suivant·es ».
J’avais préparé une sorte de« 101 » sur les questions de sexe, d’identité de genre, d’expression de genre, et d’orientation sexuelle, que j’ai utilisé pour leur expliquer. Pour les collègues proches, j’ai fait cela oralement. Pour les autres, j’ai envoyé un mail avec quelques mots personnels et 3 ou 4 liens vers des sites ou des vidéos qui parle de ces sujets. Leur réaction a été positive, plusieurs m’ont écrit pour me remercier de leur avoir fait prendre conscience de toutes ces possibilités, ces concepts.
Je pense que je proposerais les choses suivantes :
Mon épouse a fait partie de tout mon processus de coming-in avant mon coming out. Lorsque j’ai commencé à explorer une expression de genre dite féminine, elle m’a appris à me maquiller, m’a conseillé pour le choix des vêtements, etc. Cette période n’a pas été simple pour elle. En effet, à ce moment-là, ni elle ni moi ne savions vraiment où cette exploration allait nous mener. Il y avait aussi cette inquiétude légitime de la réaction de notre entourage quand je ferais un coming out. Elle a été très soulagée quand elle a vu que ça se passait réellement bien.
Tout ce chemin parcouru ensemble a fait évoluer notre relation (nous nous sommes rencontré·es lorsque nous avions 18 ans !) qui, par certains aspects, est devenue encore plus forte.
Les médias et les réseaux sociaux commencent à proposer des représentations de la non-binarité. Malheureusement, c’est souvent un stéréotype, voire une caricature de la personne non-binaire : une personne assignée fille à la naissance, jeune, (très)mince, blanche, avec une expression de genre androgyne. C’est vraiment problématique, car justement, les personnes non-binaires n’ont absolument pas de type particulier. Un groupe de parole entre personnes non-binaires, c’est une masterclass de diversité d’expression de genre, de style, de personnalité, d’orientation amoureuse et sexuelle. Pour lutter contre ce stéréotype, il est important de montrer la vraie diversité au sein de notre communauté, via les canaux de communication à notre disposition.
Au début de mon parcours, lorsque je ne savais pas encore très bien où mes questionnements me mèneraient, je me suis tourné·e vers la MAC de Liège et Genres Pluriels. Iels m’ont offert un milieu safer lors de leurs activités pour explorer, poser des questions, rencontrer d’autres personnes trans. Par contre, une fois les choses plus claires pour moi concernant la non-binarité, il s’est avéré qu’il y avait peu de ressources spécifiques. J’ai eu la chance de rencontrer quelques autres personnes non-binaires lors d’un atelier organisé par GP et la RBH. Le contact est tellement bien passé que nous avons décidé sur le champ de créer une communauté qui s’est bien développée et est devenue le collectif Let’s talk about non-binary. Ce collectif organise des groupes de paroles mensuels et de nombreuses activités par/pour les personnes non-binaires et en questionnement.Let’s talk a été une aide formidable pour rencontrer d’autres personnes non-binaires, partager nos expériences, et nous soutenir les un·es les autres.
Au travail, la 1ère fois où j’ai reçu un mail dans lequel la personne parlait de moi en utilisant les bons pronoms. Aussi, la rapidité et la facilité avec laquelle mes collègues ont adopté mon nouveau prénom, même celleux qui me connaissent depuis 20ans.
Mon 1er Tea Dance à la MAC de Liège avec une expression de genre très féminine, où une jeune femme m’a spontanément fait des compliments sur ma tenue et mon style.
Ma 1ère soirée à laTPG, où je me suis tout de suite senti·e totalement accepté·e, sans la moindre question (malgré la différence d’âge par rapport à la moyenne 😊).
Le premier courrier postal reçu avec mon nouveau prénom.
La non-binarité est encore très mal connue, le 1er défi est juste de l’expliquer. Si on en a l’énergie, on peut faire de la pédagogie ou simplement partager des ressources. On peut aussi faire appel à des pédagogues extérieurs qui ont les outils pour faire passer les informations (comme Prisme et Kliq)
La découverte et l’exploration de mon identité de genre a été l’occasion de beaucoup avancer dans ma propre déconstruction sur plein de sujets, pas seulement le genre. Et la non-binarité au niveau du genre « déteint » d’une certaine manière sur beaucoup d’autres aspects de ma vie et de mes réflexions. Je ne vois que rarement les choses comme noires ou blanches, mais toujours comme un spectre. Le monde est intrinsèquement complexe, il n’y a pratiquement jamais de réponses simples ou binaires. Ressentir en soi-même cette non-binarité permet, me semble-t-il, d’aussi plus facilement percevoir la non-binarité et la complexité dans tous les aspects de la vie.
Par rapport à l’importance de l’inclusion, c’est le contact avec la communauté queer qui m’a convaincu·e qu’avoir de la diversité dans un groupe n’est pas suffisant. Toutes ces diversités doivent pouvoir se sentir incluses dans le fonctionnement du groupe. Ce n’est qu’alors que toutes les individualités pourront faire briller leur talent et ensemble former un ensemble plus fort, plus créatif, plus résilient.